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La pensée du cinéma ne rencontre d’ordinaire Jean-François Lyotard, dans ses textes sur le cinéma ou non, que par le biais de deux activateurs : l’acinéma (le cinéma expérimental) et le figural. Ces deux activateurs, au demeurant, sont fortement représentatifs de la position paradoxale de Lyotard pour les études cinématographiques : si l’acinéma a été le plus souvent critiqué pour sa radicalité voire son sectarisme, n’ayant de fait guère de postérité, il en va tout autrement du figural, lequel a trouvé dans les films un terrain fertile d’investigation. Tout autant représentative est la méconnaissance en théorie du cinéma de nombreux autres textes de Lyotard portant sur le cinéma ou sur des films, et dont on ne parle jamais, ainsi que de sa philosophie postérieure à sa période libidinale, qui ne semble pas avoir encore trouvé d’échos particuliers en régime filmique. Le présent texte fait précisément le pari de ces deux directions. À partir d’un autre Lyotard, ou du même mais envisagé très différemment, se dessinera progressivement une possibilité de penser le cinéma qui ne devra plus rien au figural, à l’abstrait ou à l’expérimental, dont Lyotard le premier a fini par revenir, mais qui, singulièrement, ouvrira à une originale théorie du cinéma figuratif. « Méfiance envers les figuratifs quand ils ont de l’âme », peut-on lire dans Que peindre ?…