Le présent essai sur Jean-Jacques Rousseau s'efforce de pressentir l'unité de son oeuvre. Il la conçoit comme le laboratoire d'un esprit. On y discerne le bien et le moi occupant ensemble l'espace idéal de l'origine, et puis l'autre qui aliène et le temps qui dénature. La mémoire, la rêverie et la pensée font alterner leur pouvoir en vue d'une heureuse ressaisie du moi. Certes, Rousseau ne cesse de déplorer que l'authentique dont il se réclame ne puisse être rejoint dans l'immédiat. Mais sa philosophie n'en est pas moins une philosophie du bonheur, la tension devenant rythme par la magie de sa parole et les ombres de sa peinture produisant le plus magnifique des clairs-obscurs.