Que la trace soit bien la grande affaire de celui qui
peint et de celui qui décrit, son nom le dit assez : la trace
est toujours un trait, un tracé. En grec ancien un seul verbe,
graphein, dit laisser une griffure chargée de sens, sur un
support dur ; un seul verbe veut dire tracer, graver, dessiner,
peindre, et écrire.
À se demander si les traces ne seraient pas la matière
même des pays, et donc des paysages. Plus exactement,
si, pour passer du pays au paysage, il ne faut pas d'abord
une forte densité de traces bien visibles, restes évidents de
l'activité des hommes au travail, et ensuite, nécessairement,
quelqu'un pour les relever, c'est-à-dire pour les remettre
sur pied, les empêcher de s'effacer pour toujours, les
sauver de l'insignifiance ; quelqu'un pour les révéler, en
ranimant justement ce qui en elles est en train de s'effacer ;
quelqu'un pour les faire parler, c'est-à-dire les rendre
lisibles et visibles.