Ludvig Holberg, grand dramaturge scandinave, est né en 1684 en Norvège, au sein du
royaume du Danemark. La production littéraire de ce fin lettré, curieux des langues et
des cultures européennes, couvre, outre le théâtre, tous les domaines de la pensée :
théologie, métaphysique, histoire, roman. Son oeuvre dramatique est intimement liée à
celle du premier théâtre public danois, pour lequel il écrit une série de quinze commédies
à partir de 1722. Ses pièces vont rapidement connaître le succès auprès d'une
bourgeoisie avide de plaisirs, cherchant à imiter la cour et ses fêtes brillantes.
Jeppe du Mont demeure encore aujourd'hui la comédie la plus populaire au
Danemark. Son personnage principal, un pauvre paysan ivrogne à qui l'on fait croire
qu'il est baron, est devenu légendaire. Développant avec virtuosité le thème du «roi
d'un jour», Holberg s'y fait l'ordonnateur d'un jeu de masques où toutes les
transgressions sont possibles.
Dans Don Ranudo de Colibrados, un Grand d'Espagne désargenté tente par tous les
moyens d'empêcher le mariage de sa fille avec un jeune homme de petite noblesse,
mais fort riche. Ce mariage pourrait le sauver de la ruine, mais son orgueil de caste
lui interdit d'y consentir. Et pour que l'amour triomphe, il faudra que le jeune homme
se déguise en prince éthiopien.
Le théâtre de Holberg, inspiré de Molière et de la comédie italienne, réactive aussi
une tradition carnavalesque et dionysiaque proche d'Aristophane.