Saisis sur le vif, les jeux de ces 36 Figures de Nicolas Prévost mettent en scène les pratiques ludiques du XVIe siècle telles qu'elles se déployaient dans leur milieu habituel. Le dessin y est explicite. On observe l'importance accordée au corps, le degré de violence accepté, le rôle non négligeable de la participation féminine, le niveau technologique des instruments utilisés, le rapport aux animaux. Sur de telles images, on peut lire à livre ouvert !
Ces informations objectives rendent possibles des analyses et des comparaisons interculturelles éclairantes ; on observe par exemple que les usages bon enfant et l'adaptation à l'environnement naturel de l'époque ont laissé la place aujourd'hui à l'intraitable codification institutionnelle des sports modernes : des éco-jeux aux techno-jeux ! L'origine de ces estampes donne lieu à une nouvelle interprétation. L'étude méticuleuse des documents et des archives tend à montrer que ce n'est pas Guillaume Le Bé qui serait l'auteur de ces 36 Figures ainsi qu'il est affirmé traditionnellement, mais Nicolas Prévost dont l'album ici présenté serait en quelque sorte l'édition princeps de ces talentueuses estampes.
Mettant en spectacle le phénomène éminemment social du jeu, ces vivantes images soulignent comment la Renaissance vit une période de transformation qui affecte notamment les rapports avec le monde matériel et les rapports entre les personnes.