Alors que le réchauffement climatique provoque aujourd'hui la fonte de la banquise arctique, peut-on imaginer que tant d'hommes, tant de marins se soient jadis acharnés, au prix de mille souffrances, à trouver ce mythique passage du Nord-Ouest qui devait permettre d'aller directement de l'Atlantique au Pacifique et ouvrir un raccourci vers les richesses de l'Orient ? Ce livre est l'histoire de l'un d'entre eux, l'Anglais John Franklin, ancien de Trafalgar, dont les expéditions successives tinrent en haleine, dans la première moitié du XIXe siècle, la Grande-Bretagne, l'Europe et l'Amérique. Lui et ses hommes arpentèrent des terres inconnues, endurant les rigueurs des hautes latitudes, s'obstinant à forcer le barrage des glaces, découvrant les Indiens et les Esquimaux qu'ils rencontraient pour la première fois, et allant jusqu'à dévorer le cuir de leurs chaussures pour survivre. On ne peut rien comprendre à leur odyssée héroïque sans dénoncer les orgueilleuses traditions de l'Amirauté britannique qui les retenaient d'adopter les vêtements, la nourriture et les coutumes leur permettant d'échapper à la famine et au froid. Drame trop prévisible, la disparition de Franklin en 1845 avec les 129 hommes de l'Erebus et du Terror déclencha une cinquantaine d'expéditions lancées à leur recherche pendant plus de dix ans, grâce au soutien inconditionnel de sa romanesque épouse, lady Jane, qui refusa jusqu'au bout de croire à sa mort. Quelques corps ont été retrouvés, il y a seulement une trentaine d'années.