Collaborationniste, antisémite, violent et criminel, Joseph Darnand - chef de la tristement célèbre Milice du régime de Vichy - fait partie des personnages les plus honnis de l'histoire. Rien ne prédestinait pourtant ce valeureux militaire à épouser une carrière si mortifère.
Fervent patriote et germanophobe convaincu, il se distingue pendant la Grande Guerre par sa bravoure sans faille : le jeune caporal se fait « nettoyeur de tranchées », affrontant les « Boches » au corps à corps, Il gravit alors rapidement les échelons (il devient sergent en 1917 puis adjudant quelques mois après) et s'illustre particulièrement le 14 juillet 1918, Ce jour-là, son corps franc fait vingt-sept prisonniers et s'empare de précieux documents qui concourront à l'échec cuisant de l'offensive allemande prévue le lendemain.
Mais durant l'entre-deux-guerres, le sous-officier désoeuvré commence à fréquenter toutes les chapelles de l'extrême droite (Action française et Cagoule notamment), avant de suivre Pétain, son héros, dans sa pente fatale. Dès 1940, il gagne sans rechigner le camp de la collaboration illimitée avec l'ennemi, ce qui lui vaut d'être nommé chef de la Milice (1943), puis responsable du maintien de l'ordre et secrétaire d'État à l'Intérieur (1944).
Comment un homme aimant profondément son pays a-t-il pu le trahir en perpétrant les pires crimes commis sous l'Occupation (contre les résistants, les Juifs, les communistes...) ? Pourquoi un soldat d'élite - décoré de la croix de guerre et fait officier de la Légion d'honneur pour son héroïsme -a-t-il pactisé avec le Reich au point de devenir SS en 1943 ?
Dans cette biographie attendue de l'une des pires figures de la Collaboration, Éric Alary traite à partir de sources neuves ou méconnues l'une des pages les plus sombres du passé national. Un ouvrage glaçant, mais ô combien nécessaire.