UN PIONNIER DU CHANT LITURGIQUE FRANÇAIS
Pour toute une génération, le nom du P. Gelineau est associé à la découverte des psaumes. Un jour, le vicaire de ma paroisse fit entendre aux servants de messe un disque « trente-trois tours » qui nous enchanta. Et quelle ne fut pas notre surprise quand il nous apprit qu'il s'agissait des psaumes, ces textes jusque-là hermétiques puisque nous les entendions en latin lorsque parfois la paroisse célébrait les Vêpres ! Mon attachement aux psaumes remonte à cette expérience.
Mais le P. Gelineau n'est pas seulement « l'homme des psaumes ». Philippe Robert, en musicologue et liturge averti, montre son rôle important, et souvent capital, avant et après le Concile Vatican II, dans la redécouverte - qui, en français, est souvent une création - de beaucoup d'autres formes du chant liturgique : l'hymne, le tropaire, les chants de la messe, le récitatif, etc.
Le P. Gelineau est un bon connaisseur de la tradition liturgique, occidentale et orientale : sa thèse de doctorat en théologie en fait foi ; il a pratiqué dès sa jeunesse le chant grégorien qui n'a cessé de l'inspirer ; il a reçu une solide formation musicale à la Schola Cantorum. Mais il est aussi un pasteur soucieux de rendre possible aux chrétiens - dont la,plupart ignorent le latin - une participation active et fructueuse à la liturgie par cet élément fondamental de la célébration qu'est le chant. Jésuite, il se préoccupe de transmettre la foi à ses contemporains ; liturgiste, il sait qu'un des lieux privilégies de cette transmission est la célébration des mystères de la foi. Trop souvent, son oeuvre a été méprisée par ceux qui se croyaient les seuls détenteurs de la musique sacrée. Mais évitant la polémique, le P. Gelineau poursuit depuis soixante ans son travail de pionnier au service du chant liturgique, dans un « enchantement » suscité par une capacité d'émerveillement que les années n'ont pas entamée.
H.D.