Lorsqu'il accéda au trône, Joseph II (1741-1790), fils de
l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, se lança dans une
vaste politique modernisatrice qu'il avait mûrie durant le
règne de sa mère. En butte à la résistance de l'aristocratie et
du clergé qui imposèrent des limites à son oeuvre aux aspects
multiples, il mena à bien ses réformes dans le domaine de la
culture : il mit fin à la censure ecclésiastique, ouvrit Vienne aux
idées des Lumières, accéléra les progrès de la scolarisation,
imposa un édit de tolérance qui donna un statut social aux
protestants et aux juifs, parvenant malgré tout à ne pas se
brouiller avec le pape. De plus, il abolit le servage et créa
l'administration nécessaire au gouvernement de son empire,
posant les bases de l'essor économique que connaîtra
l'Empire austro-hongrois au XIXe siècle.
Personnage peu étudié malgré la fascination qu'il exerça sur
ses contemporains et sur la postérité, notamment au XIXe siècle,
Joseph II nous est rendu accessible par Jean Bérenger qui s'est
appuyé sur la correspondance qu'il entretenait avec son
entourage, écrite le plus souvent dans un excellent français.
Cet ouvrage novateur nous présente enfin ce monarque à la
lumière tant de ses échecs que de ses réussites que leur portée
tardive avait dissimulées au jugement de ses contemporains.