L'enfant : Quelque chose ne va pas, « Monsieur » ?
Molière : Après tout ceci, j'irai me plaindre à votre père.
L'enfant : Et que lui direz-vous ?
Molière : Que vous désirez être comédien. Qu'en véritable maître-chanteur vous avez eu l'audace de m'aborder et... Et que vous rêvez de gloire et d'honneurs...
L'enfant : Sauf pour la gloire, il ne sera pas content.
Molière : Je lui dirai que vous m'avez contraint à vous enseigner mon talent.
L'enfant : Il vous fera fouetter.
Molière : Est-il si puissant ?
L'enfant : Plus que vous ne l'imaginez.
Molière : Ai-je bien deviné ce que vous êtes venu chercher ?
L'enfant : Jouer serait mon voeu le plus cher, en vérité. Monter sur une scène, feindre le bonheur, l'amour, la surprise ou le chagrin... J'en rêve même lorsque je suis éveillé. Mais, j'ai peur de ne pas être libre de mon destin.
Molière : Et vous pensez que j'étais libre du mien ? Osez ! Imposez ! Aucun père ne commande au destin.
L'enfant : Aucun sauf le mien. À cela, je n'y peux rien. Je ne serai jamais comédien.
Le 17 février 1673, le Grand Dauphin, 12 ans, qui rêve d'être comédien, rencontre Molière en cachette de son auguste père juste avant la dernière représentation du Malade imaginaire.
Un étrange et émouvant dialogue va s'établir entre ces deux êtres aux antipodes de la vie.
Même si cette rencontre ludique et imaginaire se passe il y a très longtemps, Molière est éternel, et le Dauphin pourrait tout aussi bien être un garçon d'aujourd'hui à la découverte de la liberté de penser du théâtre.