L'existence de ce journal n'a été révélée qu'après la mort du père Alexandre Schmemann, le 13 décembre 1983, lorsqu'on retrouva huit cahiers de notes dans son bureau du séminaire de Saint-Vladimir, à New York.
En 1973, lorsqu'il entreprend de tenir son journal, Alexandre Schmemann a cinquante-deux ans et est une figure éminente de l'Orthodoxie. C'est sans doute la multiplicité et l'intensité de ses activités de prédicateur, de pasteur, de pédagogue qui l'incitent à recourir à un journal intime. Ces cahiers ne se bornent pas à enregistrer les activités quotidiennes du père Alexandre, ils prennent en compte son existence tout entière - ses idées, ses découvertes, ses rencontres (avec Soljenitsyne notamment), ses combats et ses frustrations. Le texte étonne par son ampleur. Le père Alexandre y révèle la diversité de ses champs d'intérêt, comme en témoigne le nombre prodigieux de notes sur des ouvrages littéraires russes, français et améri cains. Il y parle également de la politique et des idées sociales du moment. Ce matériel passionnant a été édité par sa femme en 2000 en anglais ; sa parution en russe, en 2005, a constitué un événement littéraire. Le Journal est une oeuvre majeure pour l'Orthodoxie, où l'on découvre la profonde foi du père Schmemann et sa haute teneur spirituelle. Il est également un magnifique journal littéraire, dans la meilleure tradition du genre, digne de Paul Léautaud qu'Alexandre Schmemann, homme de haute culture, admirait profondément.