La guerre ? «Un paysage qui vous tire dessus.» Guy de
Pourtalès (1881-1941) rapporte ces propos, qui l'ont frappé,
de son ami Valdo Barbey. L'écrivain genevois, devenu
français, mobilisé en 1914, n'a pas connu la tranchée, mais
il a passé quatre ans et demi sous les drapeaux comme
interprète militaire, propagandiste au Quai d'Orsay, officier
informateur. Il a vécu de près les événements de la Grande
Guerre, particulièrement ceux qui ont affecté les relations
entre sa patrie d'adoption et son pays d'origine.
Tiraillé entre des appartenances et des loyautés qu'il
entend faire tenir ensemble, Pourtalès donne l'impression
d'être toujours en porte-à-faux avec le rôle qu'il se choisit,
ou qu'on lui attribue. C'est précisément cette position
d'intermédiaire - symbolisée par le statut d'interprète -
qui crée l'intérêt du Journal de la Guerre, parce qu'elle
décale le regard, l'enrichit, et donne lieu à un récit à la
fois original, informé et communicatif.