La Grande guerre et ses suites , vues de l'intérieur, comme on ne les avait jamais montrées.
En 1914, le polytechnicien Edmond Buat est lieutenant-colonel. Il est chef d'état-major général des armées lorsqu'il meurt soudainement en décembre 1923. Cette carrière remarquable est celle d'un homme exceptionnel. De la Grande Guerre, il a connu tout et tous : chef de cabinet du ministre de la Guerre d'août 1914 à novembre 1915, il est à l'articulation, souvent difficile, entre le pouvoir politique et le haut commandement militaire. Commandant sur le front, il a vécu au plus près la violence des combats. Créateur en 1917 de la Réserve générale d'artillerie, qui permettra de l'emporter sur les Allemands l'année suivante, il est un technicien prophétique de la guerre industrielle. Nommé en juillet 1918 major général des armées françaises, c'est à dire n° 2, auprès de Pétain, il est l'un des artisans de la victoire. Expert auprès du gouvernement lors des négociations du traité de paix, il s'emploie dans ses dernières fonctions à préparer la France au nouveau conflit qu'il juge inévitable.
Le général était doublé d'un observateur perspicace et d'un écrivain de talent. Tous les soirs, il a consigné dans des cahiers les faits et les réflexions de la journée. Tout y passe, les hommes, les événements, les idées. Alors que les mémoires des grands chefs, Joffre et Foch, et de Poincaré, ont été rédigés en vue de servir leurs auteurs, ce prodigieux document a toute la fraîcheur du spontané et de l'inédit.
Dans sa préface, Georges-Henri Soutou, de l'Institut, donne toute sa portée à ce témoignage d'un " esprit libre, volontiers mordant ". Le colonel Frédéric Guelton, ancien chef du département de l'Armée de terre du service historique de la Défense, a présenté et annoté en spécialiste le texte donné ici dans son intégralité.