Les journaux de Schnitzler et de Musil sont des chefs-d'oeuvre. Stefan Zweig fut moins assidu, mais son journal couvre les périodes cruciales de son existence. Karl Kraus n'a pas tenu de journal, mais il était le seul auteur de sa revue et, chez lui, les frontières entre le public et l'intime sont paradoxales.
Peter Altenberg, pour sa part, a laissé tout un ensemble de <<journaux fragmentaires>> : albums, cartes postales, esquisses quotidiennes. Les journaux d'Egon Schiele conduisent à redéfinir les relations entre journal intime et autoportrait.
Le journal pré-sioniste de Theodor Herzl révèle que le <<Moïse viennois>> avait confié les tourments de sa crise d'identité à son journal intime. La pléiade de la modernité viennoise comprend plusieurs <<journaux de femmes>>, ceux de l'impératrice Elisabeth ou de Lou Andreas Salomé. Les carnets intimes tenus par Wittgenstein montrent que ce philosophe fut aussi un disciple des possédés de Dostoïevski.
Les journaux de recherche et <<d'auto-analyse>> de Sigmund Freud n'ont pas été conservés, mais la psychanalyse jette une lumière irremplaçable sur cette <<cure par l'écriture>> qu'espère tout diariste.