On ne vient pas à la théorie
politique par hasard.
Le choix de Judith Shklar est celui
d'une génération qui eut très tôt
le sentiment que «la politique
dominait complètement nos vies».
Et sa pensée politique est l'une
des plus singulières des dernières
décennies du XXe siècle.
Née dans une famille juive
lituanienne d'expression
allemande, exilée aux États-Unis
à l'aube de la Seconde Guerre
mondiale, Judith Shklar (1928-1992)
fut au coeur des grands
tourments du siècle. Marquée par
le désenchantement des années
d'après-guerre, sa pensée politique
s'inscrit dans la grande tradition
sceptique inspirée de Montaigne.
Se situant au confluent
de l'Histoire et de l'éthique,
prêtant une attention étroite
aux dimensions psychiques
du politique, elle débarrasse
le libéralisme de son abstraction
et de son penchant optimiste.
Reconstruit selon le point de vue
des victimes, son libéralisme
offre un nouvel éclairage aux
grandes questions du temps
- la justice, la démocratie,
la reconnaissance.