Jumeaux et jumelles
Les jumeaux ne sont « pas des couples d'exception, mais des couples excessifs ». Ce caractère en fait de formidables amplificateurs. Les jumeaux ont permis d'éclairer des questions de médecine, de génétique, de démographie, d'ethnologie. Toutefois, étudier les jumeaux des temps modernes n'est pas sans difficulté, car il existe un écart exemplaire entre mythe et réalité : un écart de fréquence. Les jumeaux sont omniprésents dans les mythes fondateurs de l'humanité, les religions, la littérature et l'art. À cette fréquence élevée s'oppose leur rareté dans la vie quotidienne, liée à une très forte mortalité autour de la naissance et de la petite enfance et qui contraste avec la fréquence plus élevée des jumeaux dans le monde contemporain. Cette fréquence des jumeaux adultes va permettre au généticien Galton, neveu de Charles Darwin, au milieu du XIXe siècle, de concevoir la méthode des jumeaux. À la fin du Moyen-Âge, la prise en charge de la grossesse et de l'accouchement n'avait pratiquement pas progressé depuis l'Antiquité. Les temps modernes voient se succéder en Europe des praticiens et des enseignants de l'obstétrique. Leurs armes sont au nombre de trois : la production de traités d'accouchement largement diffusés grâce à l'imprimerie, la rédaction de ces traités en langue « vulgaire » et la place prépondérante donnée aux gravures (les sages-femmes qui ne comprennent pas le latin et souvent ne savent pas lire auront enfin accès au savoir) et la mise en première ligne des jumeaux avec une iconographie allant du schéma bidimensionnel à la figure tridimensionnelle - cire, terre cuite -, voire quadridimensionnelle avec les « machines » obstétricales.