Acteurs fondamentaux de la démocratie, justice et médias entretiennent des relations ambivalentes en raison de leurs fonctions respectives de régulation juridique de la société et d'information de l'opinion qui les conduisent à se surveiller mutuellement et dans le cas de la justice, à sanctionner les fautes commises par les médias comme par elle-même. Intéressés par les affaires judiciaires, effectuant tous deux des enquêtes pour connaître la vérité mais poursuivant des finalités différentes, justice et médias sont des associés-rivaux dont les concurrences comme les collaborations peuvent, pour des raisons propres à la configuration médiatico-judiciaire de chaque affaire, favoriser l'oeuvre de justice comme déboucher sur des échecs judiciaires retentissants. Pour analyser les rapports complexes qui se nouent entre justice et médias, cet ouvrage adopte une démarche historique, juridique et sociologique. Il examine d'abord comment s'est construit l'espace public médiatico-judiciaire avec le développement de la presse écrite et comment il a été restructuré avec celui des médias audiovisuels, la justice imposant un ensemble de restrictions à sa médiatisation auxquelles les médias ont dû s'adapter et les médias faisant réciproquement peser sur elle des contraintes de publicité de plus en plus importantes qui l'ont amené à se faire davantage communicante et à recourir aux nouvelles technologies d'information. Il étudie ensuite les mécanismes juridiques et déontologiques qui régulent la médiatisation de l'enquête et l'instruction, sur lesquelles la surveillance médiatique s'est focalisée avec le succès du journalisme d'investigation, puis ceux qui encadrent la médiatisation du procès et de la vérité judiciaire, ce qui permet d'apporter un éclairage sur les logiques à l'oeuvre dans les grands emballements médiatico-judiciaires qui émaillent l'histoire de la justice.