Justice globale
Lorsque Che Guevara disparaît de la vie publique en 1965, il est encore ministre du gouvernement cubain et vient de prononcer un discours, à Alger, au Séminaire économique afro-asiatique. À cette occasion, il accuse publiquement les pays socialistes de « complicité » avec l'exploitation impérialiste.
Quelques jours après, à la veille de son engagement dans la guérilla congolaise, il adresse une lettre d'Afrique au journaliste uruguayen Carlos Quijano, directeur de la revue Marcha, qui sera publiée sous le titre : « Le socialisme et l'homme à Cuba » ; il y dépeint les difficultés de la révolution cubaine, tire les leçons de ses propres expériences et met en garde contre les vices du « socialisme réel ».
Six mois avant sa capture et son assassinat par les militaires boliviens, en octobre 1967, ce qui deviendra la revue cubaine Tricontinental publie un message du Che, intitulé « Créer deux, trois, une multitude de Vietnam, telle est la consigne ». Guevara y donne une analyse détaillée de la résistance anti-impérialiste en cours au Vietnam, en Afrique, mais aussi en Amérique latine ; il décrit minutieusement la tactique et la stratégie que devraient suivre les pays du tiers-monde dans leurs luttes de libération nationale, en particulier contre l'impérialisme.
Ces trois grands textes du Che, illustrant sa conception éthique du pouvoir, sont incontestablement ceux de sa rupture avec le régime soviétique.