Justice militaire et lutte contre le terrorisme au Cameroun
Le Cameroun a choisi de confier aux tribunaux militaires le traitement judiciaire des actes de terrorisme. Ce choix se veut un choix d'efficacité, même s'il est discuté, en particulier lorsque les actes terroristes sont imputables aux civils. Ce choix, de manière générale, peut intriguer. Comment la justice militaire peut-elle espérer ne pas être perçue, dans ce contexte, comme une arme de guerre, surtout si les juridictions militaires disposent à cet égard d'une compétence exclusive ?
Face au terrorisme, la justice militaire est-elle seulement une institution de justice, relevant de l'organisation judiciaire de l'État, administrant le droit en toute impartialité, ou plutôt un dispositif de combat, une sorte de bataillon non armé certes, mais qui se doit de faire à son niveau la démonstration qu'il est, comme les bataillons armés déployés sur le terrain, au service de l'effort de guerre contre le terrorisme, effort qui doit se traduire lui aussi par des bilans tangibles et concrets ?
Ces questions, on en convient, sont sensibles et complexes. Pour autant, elles ne sauraient être éludées et méritent d'être posées.