« Brune, une belle taille, des yeux d'une singulière expression ; un peu méchante, aucuns principes, ne croyant de mal à rien, et cependant pas assez de dépravation dans le coeur, pour en avoir éteint la sensibilité ; orgueilleuse, libertine ; telle était Juliette.
Justine, plus jeune qu'elle de trois ans, était d'un caractère sombre et mélancolique, qui lui fit bien mieux sentir toute l'horreur de sa situation. Douée d'une tendresse, d'une sensibilité surprenante, au lieu de l'art et de la finesse de sa soeur, elle n'avait qu'une ingénuité, une candeur qui devaient la faire tomber dans bien des pièges. Cette jeune fille à tant de qualités joignait une physionomie douce, absolument différente de celle dont la nature avait embelli Juliette ; autant on voyait d'artifice, de manège, de coquetterie dans les traits de l'une, autant où admirait de pudeur, de décence et de timidité dans l'autre ; un air de Vierge, de grands yeux bleus, pleins d'âme et d'intérêt, une peau éblouissante, une taille souple et flexible, un organe touchant, des dents d'ivoire et les plus beaux cheveux blonds, voilà l'esquisse de cette cadette charmante... »
L'une destinée au Vice, l'autre à la Vertu, elle se firent un éternel adieu, et toute deux se quittèrent.
Ce livre est leurs aventures et leur destinée...
La Vertu, quelque belle qu'elle soit, devient pourtant le plus mauvais parti qu'on puisse prendre quand elle se trouve trop faible pour lutter contre le Vice, et que dans un siècle entièrement corrompu, le plus sûr est de faire comme les autres.