Des massacres de masse - dont l'ampleur pourrait dépasser le
décompte des morts du génocide rwandais de 1994 - se déroulent
discrètement en Afrique Centrale depuis des années. Le prétexte : les
«rébellions» et les contre-rébellions ou les «luttes tribales». Mais en
vérité, ce sont les conséquences d'un combat féroce entre chefs pour
s'approprier le pouvoir exclusif sur les ressources locales. Les groupes
armés des milices ethniques impliquées sont composés en majorité de
jeunes et d'enfants presque toujours recrutés de force : les KADOGO
('petite chose, sans importance', néologisme local).
Dans le cadre de ses activités au sein d'organismes humanitaires
oeuvrant depuis une quinzaine d'années dans la Région, l'auteur a côtoyé
un grand nombre de ces gamins traumatisés, mutilés, rescapés fugitifs ou
«déserteurs de leur armée». Leurs récits de vie dramatiques rompent avec
le silence qui couvre les guerres devenues chroniques au (Sud) Soudan, en
Ouganda, en R-D Congo et la situation guère favorable du Rwanda actuel.
En juin 2003, l'intervention ponctuelle d'une force internationale
sollicitée par la France et mandatée par l'ONU à Bunia, en Ituri au nord-est
de la R-D Congo, portera peut-être un coup d'arrêt à toute une série
d'abominations déjà qualifiées de «crimes de guerre et crimes contre
l'humanité».