Lorsque quelqu'un meurt,
nul ne se soucie de la tristesse
de ses meubles.
Que restera-t-il de nous ?
Peut-être des souvenirs,
magnifiés, interprétés,
réinterprétés ou, pire, falsifiés.
Inanimés, nos meubles, nos habits,
nos objets familiers jalonnent le
sillage de notre vie. Ils sont les
témoins silencieux de nos joies
et peines.
Pourtant, lorsque quelqu'un meurt,
nul ne se soucie de la tristesse
de ses meubles.
Le Kétala, le partage de l'héritage,
disperse tout ce que possédait celui
ou celle qui n'est plus. Attristés par
leur séparation imminente, des
meubles et divers objets cherchent
un moyen d'éviter l'éparpillement
des traces de Mémoria, leur défunte
et aimée propriétaire. Masque propose
à ses compagnons d'infortune
une stratégie fondée sur la parole :
«Je viens d'une civilisation où les
hommes se transmettent leur histoire
familiale, leurs traditions, leur
culture, simplement en se les
racontant, de génération en génération
[...] Comme nous ne pourrons
pas empêcher les humains de nous
disperser, je propose que chacun de
nous raconte aux autres tout ce qu'il
sait de Mémoria. Ainsi, pendant les
six nuits et les cinq jours qui nous
séparent du kétala, nous allons tous,
ensemble, reconstituer le puzzle de
sa vie [...] On ne peut pas toujours
emmener les siens avec soi, mais on
part toujours avec sa mémoire.»
Écrit dans une langue belle et musicale,
Kétala est un roman virtuose.