Ayant perdu dans les guerres et les épidémies toute sa
descendance masculine, le cheikh Nassib, à la tête d'une
famille patricienne de La Mecque, finit par adopter le
fils d'une servante afin de pouvoir à travers lui perpétuer
son nom prestigieux. Et voilà que sa femme donne le
jour à une sixième fille, qu'ils prénomment Khâtem (en
arabe, "sceau" ou "ultime").
La vie de Khâtem est environnée de mystère. Elle est
venue au monde sans l'intervention d'une sage-femme et,
avec son corps trop mince et son visage trop pâle, elle a les
allures d'un garçon manqué. Peu à peu, à travers des scènes
de la vie quotidienne, on commence à percer son secret,
mais c'est seulement lors de sa rencontre inopinée avec une
musicienne venue de Syrie qu'elle découvre elle-même,
avec le plaisir, sa propre ambiguïté sexuelle d'hermaphrodite.
Elle doit enfin, lors d'un conflit violent qui agite la
ville, quitter l'appartement des femmes où elle a vécu, et
meurt en homme.
L'écriture maîtrisée de Raja Alem, d'une élégance classique,
lui permet de conduire son récit comme la révélation
progressive d'une énigme. Avec son constant souci
de précision dans la description des êtres et des choses,
elle fait aussi admirablement revivre la société mecquoise
traditionnelle du début du XXe siècle.