Kotik Letaïev
Écrit à Dornach, près de Bâle, tandis que les canons français et allemands grondaient non loin, Kotik Letaïev est un récit d'enfant qui remonte non seulement aux deux premières années du petit Kotik, mais également aux premiers mythes de l'humanité qui habitent tout petit d'homme.
En remettant au four Kotik, je me revois il y a quatre décennies, immergé dans l'hypnose de ce texte. Un texte où la langue s'invente, se coupe en morceaux comme un mille-pattes, mue sous nos yeux comme un serpent, nous étreint comme un boa, plane longuement sur les ailerons de ses néologismes.Si jamais la langue russe a démontré qu'elle savait bourgeonner et printaner sans fin, c'est dans ce récit du petit Kotik. Langage d'enfant, rengaines de chamane, « parler en langue » des premiers apôtres - la langue russe, ici, entre en éruption comme l'Etna où se jeta Empédocle.
Kotik, à nouveau je te salue ! Ton volcan n'est pas éteint.
Georges Nivat