C'est à Saint-Denis, sur le chantier de l'abbatiale gravement endommagée à la Révolution, que se joue l'histoire de la restauration monumentale en France. Sur ordre de Napoléon, la nécropole des rois de France est restaurée pour servir de sépulture aux descendants de l'Empereur. Tout au long du XIXe siècle, les restaurations fluctuent en fonction des bouleversements politiques. Monument funéraire sous la Restauration, l'édifice devient successivement monument national, nécropole de Napoléon III, éphémère musée de la sculpture française, lieu touristique, tout en demeurant édifice de culte...
Ce chantier gigantesque et complexe nécessite, pour la première fois à cette échelle, la compréhension de la structure gothique et le réapprentissage de techniques oubliées (sculpture, plomberie, peinture murale, vitrail, céramique). Après les projets de Vivant Denon, l'architecte François Debret est remplacé, au terme d'une violente campagne, par Viollet-le-Duc, soutenu par Mérimée et la commission des Monuments historiques. Une vision s'affirme : restituer l'état archéologique originel de l'édifice.
Spécialiste de cette période, Jean-Michel Leniaud propose une analyse des éléments architecturaux et des décors de Saint-Denis à partir d'une iconographie totalement inédite. Il dépeint la naissance d'une ère nouvelle : la prise en charge par l'État d'une restauration rétrospective. C'est à Saint-Denis que s'est opérée, l'espace d'un siècle, cette révolution.