Informé par le commodore Sidney Smith de l'atmosphère politique déliquescente qui règne en
France, Bonaparte décide de quitter l'Égypte en secret, le 22 août 1799, et de transmettre le
flambeau à Kléber, le meilleur de ses lieutenants. Dans le droit file des consignes laissées par son
prédécesseur, le nouveau général en chef s'attache alors à poursuivre les négociations avec les Anglais
et les Ottomans en vue de rendre l'armée d'Orient à sa patrie qui connaît partout des revers militaires.
Le 23 janvier 1800, une convention est établie en ce sens, mais elle ne sera en définitive pas appliquée
à cause du massacre de la garnison française d'El-Arich, des prétentions du grand-vizir, et, une fois n'est
pas coutume, de la trahison de la perfide Albion.
Bien qu'en très nette infériorité numérique, Kléber parvient cependant à vaincre l'armée de Youssefpacha
dans la plaine d'Héliopolis, le 20 mars 1800, et à reprendre le contrôle du Caire entré en
rébellion, un mois plus tard. Dès lors, ses «petits Philistins» jouissent d'une période prospère faite de
paix et d'abondance, comme jamais depuis la conquête du pays.
Seul son assassinat par un musulman fanatique viendra bouleverser cet équilibre retrouvé en sonnant
le glas de la présence française en Égypte que le général Menou, piètre soldat, ne saura pas maintenir.