L’ouvrage rassemble dix-huit études de spécialistes de l’Antiquité au XXe siècle autour d’une question transversale encore jamais clairement posée : peut-on parler d’un beau merveilleux ? Ou encore : le merveilleux est-il le beau ? Et que faire alors de la laideur, du monstrueux, de l’inquiétant, du sublime ? L’ensemble vise à établir un lien entre la question esthétique du beau et l’essentielle fascination que, sous la diversité de ses formes, le merveilleux peut susciter. Il peut se lire aussi comme un manifeste « pour une esthétique du merveilleux », qui entend revendiquer, à côté des approches historiques, ethnologiques, imaginaires du merveilleux, une approche esthétique.
Dans cette optique, qui n’exclut pas les autres, ce qui fonde le merveilleux est aussi bien la chose merveilleuse (fait ou objet), que le regard qui l’émerveille ou la « merveille ». Le merveilleux n’est pas tant une question de principe voire d’origine, de destinateur ou de créateur (éventuellement Créateur), que de destinataire et même de spectateur. Plus exactement, elle n’est ni tout à fait dans l’objet ni tout à fait dans le sujet mais dans la relation entre les deux : acte, geste esthétique, donc. La merveille est performative : elle n’existe que lorsqu’on l’expérimente, c’est le regard qui la fonde.
Ce questionnement n’entend cependant pas être anhistorique, comme en témoigne la structuration diachronique de l’ouvrage : car les termes de la relation esthétique ne sauraient être les mêmes selon que les critères de définition de la chose merveilleuse, d’une part, et de la catégorie esthétique, de l’autre, se modifient d’une époque à l’autre.