La Bête aux cheveux blancs est un requiem ; un conte où alternent
action des chasseurs et interpellation chorale qui scande, en
poète, le drame en cours. Dans un vague Moyen Âge, au fond
d'un golfe qu'hantent les mugissements de la mer et du vent,
apparaît une Bête au visage humain coiffé d'hirsutes cheveux
blancs ; la crinière et le regard céleste mettent en émoi chasseurs,
commères, soldats, cantinières ; ils veulent leur mort. L'exécution
de la Bête, plutôt que de délivrer les villageois, les laisse
veufs et orphelins, les rend oublieux de leurs promesses, des
alliances qu'ils n'ont eu cesse de défaire.
Conte, où les fées sont absentes... Sans doute vaticinent-elles
la mise à mort de la Bête.
Liliane Atlan a écrit ce texte, à la fin des années 60, en
Californie. Il met en lumière deux fatalités : l'indécence matérielle
et le danger qui guette le religieux : sa pornographie.