Renvoyé dans ses foyers
avant la fin de la guerre,
Jünger assiste à l'agonie du
Troisième Reich dans un vieux
presbytère bondé de réfugiés,
fuyant les bombardements et
l'arrivée des Russes. Les villes
allemandes flambent dans le
feu du phosphore et quelques
fanatiques voudraient voir le
monde disparaître avec eux.
Jünger ordonne de cesser
toute résistance à l'arrivée des
premiers chars américains ;
ému, à l'exemple du prophète
Isaïe, par l'image de la
«Cabane dans la vigne» cernée
par les ennemis victorieux, il
tente de puiser dans les limites
de son univers familier la
force de surmonter l'épreuve.
La vie reprend petit à petit ;
il y a le bois à casser pour
l'hiver, le jardin à cultiver, les
survivants à revoir. Refusant de
désespérer devant l'ampleur
du désastre, Jünger espère
que notre monde, parvenu
au point zéro du nihilisme,
saura le dépasser et connaîtra
une nouvelle naissance.