La frontière est bien mobile, dans le temps
comme dans l'espace, entre le tolérable et l'intolérable,
entre ce qu'une société admet au registre
du dicible, voire du discutable, et ce qu'elle met
à l'index de ce qui ne peut être dit ni discuté.
De même, au fond, que le niveau de démocratie
d'un Etat se mesure aux conditions qui
sont faites aux détenus dans les prisons - ainsi
qu'au statut réservé aux femmes et aux minorités
de toute sorte -, c'est à la rigueur et au
degré d'arbitraire du dispositif de censure que
l'on pourrait mesurer non seulement l'écart qui
sépare, au plus évident, régimes totalitaires et
régimes démocratiques, mais aussi la différence
entre démocratie formelle et démocratie réelle.