Dans ces «Contes libertins du Maghreb», les
maris jaloux ou naïfs n'ont pas disparu, ni les femmes
lubriques jusque dans la grande vieillesse, ni
les épouses volages, ni les ruses pour tromper un
mari surveillant, ni les talebs duplices ou les faux
talebs... Les situations sont souvent cocasses, les
récits facétieux, ironiques. Nombreux sont les contes
où des pratiques sexuelles illicites, condamnées par
la loi coranique, sont déclinées par les femmes qui
racontent, sodomie, homosexualité, inceste, zoophilie,
âne, ânesse, singe, chamelle... autant de bêtes,
familières sur les Hauts Plateaux et dans les contes
grivois. Le ton des conteuses n'est pas moralisateur,
il dit l'imaginaire comme s'il s'agissait du
réel quotidien, domestique, une sorte d'initiation à
la vie même.
On entend Nora conter, la grâce rieuse de ses
gestes, l'humour et la malice des femmes des Hauts
Plateaux, ses complices.
Leila Sebbar