Elle est la plus belle femme du monde. Mais elle est prisonnière des hommes. De leur orgueil. De leur avidité. De leur ignorance. Ecartelée entre deux mondes, elle est la source d'un conflit qui depuis dix années se déploie à ses pieds, dans la plaine, au bas des murailles qui la maintiennent recluse. Pour sortir de son enfermement, pour conjurer l'hostilité des femmes comme la violence des hommes, elle use de sa voix et d'un art ancien : elle dessine des signes sur une tablette d'argile - mémoire fragmentée d'une liberté éteinte. Ne doutez pas de ses crocs : la chienne porte la vengeance, elle déchaîne la mort.
Ils ne pensent pas vraiment à nous. Pourtant certains se montrent gentils. Certains se montrent même intelligents, fins, spirituels. Cela ne change rien. Même pour ceux-là, nous devenons des chiennes si nous les imitons, si nous nous montrons intelligentes, fines, spirituelles. Les hommes ont comme un oeil crevé, et c'est cet oeil qui nous regarde.
Olivier Massé poursuit une oeuvre orientée vers l'expression moderne de mythes anciens. Avec La Chienne, en donnant la parole à celle qui est l'objet même du désir, il livre une version inédite, intimiste et féministe d'une épopée aux sources de la civilisation européenne. Une perspective à la fois fidèle et novatrice, qui est aussi une méditation sur l'écriture, sur la destruction et sur l'oubli, avec en toile de fond la menace de ténèbres dont l'écho nous est contemporain.