Une longuefamiliarité avec Pascal m'a conduit à lire saint Augustin autrement qu'à partirdes Confessions, et à l'impression quetout au moins dans la Cité de Dieu,il convenait de distinguer entre l'ordre de l'esprit, c'est-à-dire larationalité, et l'ordre du coeur, autantdire la spiritualité. Distinguer sans opposer, en relevant des 'indices derationalité aussi évidents que le goût des nombre et des proportion - la ratio latine -, puis que l'éthique de la République elle-même, avec ses lois, sonjuridisme raisonnable, et la moralité naturelleet civique de l'honnête homme.
Ce n'est qu'avec l'opposition entre le corruptibleet l'incorruptible que se dessine une opposition qui fait la part des deux cités. Une opposition que relève de l'ordre du coeur. L'amour desoi et l'amour de Dieu s'opposent et se répercutent sur la Cité. On en a tirédes leçons qu'il faut entièrement et radicalement réviser, ce qui se fait icigrâce au témoignage des meilleurs interprètes récents du grand Africain.
S'il y a un combat entre les deuxcités, ce ne peut être qu'entre la tyrannie et ce que, vaille que vaille, nousappelons la démocratie. Mais c'est aussi, au coeur du chrétien et à l'intérieurde l'Église, un choix à faire constamment entre deux obéissances.
PhilibertSecretan est un penseur catholiquesuisse. Après une carrière d'enseignant et de traducteur d'ouvragesphilosophiques, il publie des ouvrages de plus en plus marqués d'un souci de clarification. Ce quine va pas sans débats critiques ni prises de positions fermes.