Dans un dîner, il y a toujours un moment où l'on parle météo et un autre où l'on parle politique et un autre où l'on parle cinéma et un autre où l'on parle sexe. En France, en tout cas - et sans doute ailleurs aussi.
« La Cité de paroles » voudrait être un livre en compagnie. Comme les convives d'un dîner, il vagabonde d'un sujet à l'autre, avec pas mal de sauts dans le passé ou à l'étranger. Le livre parle politique (existe-t-il un poème démocratique ?) et météo (pourquoi Pasolini aimait-il la pluie ?) et sexe (la prostitution ou l'homosexualité sont-elles des formes qui aident le poème à s'inventer ?) et etc.
Mais en basse continue circule la même idée obsédante : les poèmes ne sont pas des choses sacrées ou ésotériques. Au contraire, ils sont des moyens de la conversation et du partage et du laisser-aller. Ils doivent s'efforcer d'être aussi futiles qu'une après-midi passée à la plage. C'est-à-dire que soleil et mer et odeurs d'huiles hydratantes : quelque chose dans l'allant de l'expérience (poétique) est partagé entre inconnus.