Figure mythologique, le satyre apparaît comme une invention
picturale du début du VIe siècle et son succès ne se
dément pas durant les deux siècles suivants. Les peintres de
la vaisselle de banquet produite à Athènes aux VIe-Ve siècles
avant J.-C. donnent en effet une large place à cet être mihumain,
mi-animal, toujours en décalage avec les normes
de la cité athénienne.
Outre l'apport du drame satyrique et l'usage d'une onomastique
significative, François Lissarrague étudie les satyres
à travers la représentation de leurs corps hybrides, leur
sexualité débordante, leur rapport à l'animalité (centaures,
ânes, boucs, singes), pour s'intéresser ensuite aux formes
sociales de leur activité. Qu'il s'agisse de l'usage du vin, de
la danse et de la musique, de la guerre contre les Géants,
des fêtes et rituels dans une cité dionysiaque, tout comme
des relations avec les dieux, au-delà de Dionysos, en particulier
avec Héraclès et Hermès, les plus proches des hommes,
les satyres sont partout et créent la surprise. Ces représentations
travaillent de larges pans de la culture athénienne
sur le mode de l'imaginaire et de la plaisanterie ; elles permettent
de repenser les catégories sociales mises en jeu et
dessinent ainsi une anthropologie ludique ; voilà pourquoi
les satyres sont bons à montrer.