Entre l'homo oeconomicus et le religieux, quelle est aujourd'hui la
place du citoyen ? Chassé de son bercail - la Cité ou l'État -
par un marché mondialisé et une cité céleste envahissante,
il tend à se réfugier dans la société civile pour prendre des
masques inattendus. Le mot «citoyen» investit tous les
champs de l'expérience sociale : on ne compte plus les «entreprises
citoyennes» ou les «gestes citoyens», qui se confondent
dans le militantisme civique... À l'heure de la mondialisation
et de la remise en cause des catégories classiques de la politique
(l'État, la souveraineté), jusqu'où peut-on donc penser
une forme de citoyenneté non instituée par l'État ? De quoi la
citoyenneté est-elle aujourd'hui le nom ? Loin d'être seulement
un mot synonyme de respectabilité, la citoyenneté n'est-elle
pas surtout la marque d'un désir, au fond jamais troublé, de
politique ?