L'immigration et les relations entre citoyens et migrants ont
toujours constitué des questions politiques vives, et pour le moins
conflictuelles. Nombre d'acteurs se saisissent de la parole publique
pour s'opposer à la venue de nouveaux migrants ou, au contraire,
faciliter leur intégration et promouvoir le respect de leurs identités
collectives. Le champ des migrations est aujourd'hui un des
domaines politiques les plus contestés dans les démocraties libérales.
Cet ouvrage se propose de comprendre l'organisation de
cette politique protestataire et de rendre compte des mobilisations
collectives qui ont été engagées dans les années quatre-vingt-dix
en France et en Suisse. Nous verrons, et ce sera là la thèse centrale
du livre, que la construction particulière de chaque Etat-nation a
modelé une conception et un imaginaire de citoyenneté qui façonnent,
aujourd'hui encore, les débats et les mobilisations politiques
dans le champ des migrations. Ces conceptions collectives, qui
définissent les contours symboliques de la nation, offrent aux
acteurs politiques des ressources culturelles et des opportunités
discursives qui facilitent - ou limitent -, leur entrée dans les débats
publics. En comparant deux pays aux conceptions de citoyenneté
distinctes, nous verrons que l'organisation de la politique contestataire
de l'immigration en France et en Suisse est bien le reflet de la
nation.