Si, à l'origine, les maladies du corps et de l'esprit possédaient chacune leur autonomie, si elles connurent ensuite au xixe siècle un rapprochement conduisant à la neuropsychiatrie, la déflagration de mai 1968 contribua à les isoler de nouveau. L'émergence des sciences cognitives, et d'un esprit radicalement interdisciplinaire, a fait éclater ces replis dogmatique. C'est bien là l'esprit des neurosciences cognitives, où l'émotion et la cognition constituent deux phénomènes tellement rapprochés et intriqués que leur séparation, si elle peut garder un intérêt au niveau de l'enseignement et de la pratique, n'a plus de sens au niveau de l'identification des mécanismes physiopathologiques. Leurs moyens d'investigation sont les mêmes, qu'il s'agisse de l'imagerie cérébrale, de la génétique cognitive, de la modélisation, voire de la cognition sociale. On verra dans cet ouvrage une illustration répétée de l'intrication de ces deux disciplines lorsqu'il s'agit de s'intéresser aux dysfonctionnements qu'elles étudient l'une et l'autre. C'est bien ici le mérite du programme Cognitique d'avoir su fédérer des communautés à l'origine isolées pour créer une nouvelle mouvance de recherche.