Elevée dans la compagnie des femmes par sa mère veuve et ses trois marraines, Felicitas ne connaît pas de plus grand bonheur que de passer ses vacances auprès du Père Cyprian, un ancien moine, leur directeur de conscience à toutes.
A quatorze ans, à l'occasion d'un séjour à l'hôpital, elle découvre qu'elle a eu une enfance singulière. Incarner tous les espoirs de quatre femmes solitaires et d'un prêtre uniquement soucieux des plus hautes valeurs spirituelles est une charge lourde à porter ; tous les gens qu'elle aime ont au moins quarante ans de plus qu'elle, et tous ont raté leur vie. On est alors dans les années soixante. L'esprit de contestation fait son chemin jusque dans l'atmosphère raréfiée où vit Felicitas. Les heurts avec Cyprian se multiplient.
A vingt ans, elle échappe enfin à la tutelle des femmes et à l'emprise intellectuelle du prêtre en allant, suprême audace, poursuivre ses études dans une université non catholique. Et c'est l'explosion, la rupture. Elle tombe sous la coupe d'un chargé de cours à Columbia, Robert, s'installe avec lui dans une «communauté» fondée sur un total mépris des mœurs bourgeoises. Elle cherche fiévreusement la liberté. Jusqu'au jour où elle se retrouve enceinte sans savoir de qui, seule, déçue, brisée. Alors elle retourne vers les siens, les femmes et le prêtre, qui l'accueillent sans un reproche, la réconfortent, élèvent son enfant. Rien sans doute ne pouvait mieux leur convenir, songe-t-elle : ils ont retrouvé leur raison de vivre. Mais elle, Felicitas, trouve auprès d'eux une authentique bonté, un monde imparfait mais vivable où elle va tâcher d'élever sa fille sans trop l'étouffer. Est-ce possible ? A huit ans, Linda déjà s'impatiente en secret d'être entourée de tant de vieillards et de tant d'amour.