A Kinshasa, du mercredi 24 au vendredi 26 février 1991, les Conseillers
du Haut Conseil de la République - organe législatif de transition issu
de la Conférence Nationale Souveraine - sont pris en otages au Palais
du peuple. Parmi eux, Georges Ngal qui nous relate ici ces journées
d'enfermement vécues sous la menace de mort de militaires sans foi ni loi,
à la solde du «Président-Dictateur» Mobutu. Incertitude des motifs et
des revendications de la séquestration. Isolement. Privations en vivres et
en eau. Promiscuité, chaleur insoutenable. Angoisse surtout, sentiment
effrayant d'être à la merci d'un pouvoir sauvage, inhumain : telle est la
situation au Palais du peuple qui devient un laboratoire où l'on peut, dans
un espace rétréci, observer la réalité concrète du peuple zaïrois. Le pouvoir
était là, présent entre les quatre murs, la dictature n'était plus, pour cet
observateur venu d'ailleurs, un concept abstrait.
Entre le ton romanesque et celui du reportage, le récit de G. Ngal nous
transporte au lieu crucial où la vie entre dans la fiction, où le délire des uns
s'empare de la vie des autres.
L'auteur nous fait ainsi pénétrer dans le «huis clos» des otages où
l'histoire individuelle rencontre l'histoire du peuple zaïrois et porte, par
la littérature, sa voix. Toutefois, refusant l'«afro-pessimisme», G. Ngal
apporte lui aussi sa réponse en proposant un projet de société mûrement
réfléchi et concret pour construire une démocratie non empruntée,
africaine, zaïroise. En Afrique comme partout ailleurs : «Tout être est
mûr, à tout âge, pour la démocratie.»
Anne-Marie Marcelli