La conscience juive de l'Église
Jules Isaac et le concile Vatican II
Au cours du concile Vatican II, la déclaration Nostra Aetate a radicalement changé le regard que l'Église catholique portait sur les religions non chrétiennes et sur le judaïsme en particulier, en refusant de manière explicite l'antisémitisme.
L'historien français juif Jules Isaac (1877-1963) ne fut pas pour rien dans cette évolution décisive. Retracé par Norman Tobias, juriste et historien canadien, son parcours force l'admiration : engagé aux côtés de Charles Péguy pour la défense du capitaine Dreyfus, professeur connu de tous les Français pour son manuel d'histoire, le fameux Malet-lsaac, il sera chassé de l'enseignement du fait des lois raciales du régime de Vichy et devra vivre dans la clandestinité après l'arrestation des siens par la Gestapo.
Auteur remarqué du livre Jésus et Israël, Jules Isaac va mener ensuite un inlassable combat pour que l'Église renonce à l'antisémitisme, cet « enseignement du mépris » qui le révolte. Son engagement et son amitié avec le pape Jean XXIII feront beaucoup pour cette conversion des mentalités. Comme le souligne Robert 0. Paxton : « Cette réforme profonde, dont Jules Isaac fut l'un des principaux instigateurs, est le point final vers lequel, comme Norman Tobias le démontre avec conviction et admiration, Jules Isaac dirigea l'oeuvre de sa vie à partir de 1942. »
Cet homme juste a représenté en notre temps la conscience juive de l'Église.