La Conscience malheureuse est un ouvrage majeur de la philosophie existentielle des années trente.
Jeune poète et critique roumain expatrié en France en 1923, Benjamin Fondane (1898-1944) fait partie de ces auteurs hantés par l'absence de Dieu dans la culture rationaliste moderne marquée par le positivisme.
D'abord proche de l'esprit subversif du dadaïsme, il identifie rapidement sa révolte par l'absurde à la démarche ironique et irrationaliste du philosophe russe émigré en France Léon Chestov. C'est l'adhésion sans conditions à sa philosophie existentielle à partir de 1929 qui lui permet de déconstruire la tradition du logos issue d'Athènes. Il ne cessera dès lors de dénoncer un conflit profond entre le « réel » construit par la culture rationaliste et l'existant singulier, entre le savoir et le « non-voir » des poètes et de certains mystiques, entre Athènes et Jérusalem : ce divorce intime, c'est celui de la « conscience malheureuse ».