Émergeant avec la notion d'antiquités nationales et de monument historique
au lendemain de la Révolution française, l'histoire de la conservation des
mosaïques antiques et médiévales s'inscrit dans l'univers patrimonial en formation
du XIXe siècle. D'une antiquité en images, héritage de l'esprit encyclopédique
des Lumières, à l'établissement des principes de la restauration, la discipline
évolue du Premier Empire à la Première guerre mondiale, au sein de politiques
de conservation plurielles, menées dans le cadre des musées nationaux et de
la Commission des Monuments historiques, mais également à l'initiative des
sociétés savantes et sous l'impulsion de réseaux d'érudition locaux.
L'Italie, théâtre de la découverte de l'Antiquité et vaste chantier d'exploration
archéologique pour les voyageurs de l'Europe savante, livra les premiers modèles
de mosaïques restaurées sur lesquels antiquaires, architectes et artistes fondèrent
leur conception de l'Antiquité. Patrie de la mosaïque, elle fut aussi le berceau des
écoles contemporaines, romaine et vénitienne, qui allaient fournir à la France
des praticiens doublement expérimentés. Important, en même temps que leurs
savoir-faire artistiques, des techniques de restauration jusqu'alors inconnues, ils
permirent à l'État - en parallèle d'expériences originales tentées de manière
isolée - de transmettre au futur son patrimoine musival ancien.
Reflet d'une doctrine en cours d'élaboration, soumise aux disparités des
connaissances archéologiques, des politiques culturelles et des goûts de son
époque, la restauration se caractérise par une pluralité de choix et de résultats,
qui de la restitution totale et idéalisée de l'ouvrage antique, va s'orienter, au fil du
siècle, vers une intervention de plus en plus limitée visant à garantir l'intégrité
du document archéologique.