La conspiration des enfants
Ils s'appellent Anna, Ashkan ou Julia. Ils vivent dans une banlieue industrielle de Londres, dans un camp de réfugiés en Grèce ou un terrain vague réservé aux gens du voyage aux portes de Paris. Ce sont des enfants. Et ils sont malades. Tous souffrent de saturnisme - cette maladie du plomb qui coupe la respiration. Chacun dans leur coin, ils sont les témoins d'un monde qui a choisi de cultiver l'irrespirable. Les usines pharmaceutiques anglaises et leurs fumées toxiques, la politique européenne qui rejette les migrants dans des zones où personne ne devrait devoir vivre, les autorités françaises qui cherchent à toutes forces à sédentariser les nomades sur les terrains d'anciennes décharges : voilà ce monde. Derrière la maladie des enfants, c'est donc celle du présent qui se dresse - une maladie dont Camille Louis, en un geste virtuose et sensible, dresse le profil terrifiant autant que plein d'espoir. Car, même différents, même isolés, même relégués dans les tréfonds de l'anormalité ou de l'indésirabilité, les enfants dont elle raconte les aventures livrent une leçon inattendue : celle d'une nouvelle manière de respirer ensemble - d'une nouvelle conspiration.