En Juillet 1755, Pascal Paoli prend le pouvoir. En novembre de la même année, il présente la constitution de son nouvel État. Mais ses débuts ont été douloureux : il lui a fallu combattre un début de guerre civile, contre son rival Matra, soutenu par ses ennemis génois ; et la lutte contre la vendetta s'est révélée difficile à mener. Au début de l'année 1756, Pascal Paoli, diminué et amer, est au bord de l'abandon. Paradoxalement, l'arrivée des troupes françaises, parce qu'elles remettent la Corse au centre des préoccupations méditerranéennes des grandes puissances, relance son action.
L'heure est à la construction de l'État. Le chef de la nation corse la veut progressive : un à un, il crée des Magistrati régionaux, en Balagne, à Corte, dans la Terra del Comune, et se propose d'en installer d'autres dans la Plaine Orientale ou le Delà-des-Monts. Moment capital de l'expérience paoliste que cette période de tâtonnements où il lui faut dégager de nouvelles élites sur lesquelles s'appuyer, s'opposer à l'esprit de parti, tout en conservant le soutien populaire. Tout paraît alors remonter vers lui, même les affaires les plus minimes. Et à l'opposé, la grande politique semble, enfin, s'offrir à lui, avec l'arrivée au pouvoir du pape Clément XIII. La négociation s'engage aussitôt, qui débouchera sur l'envoi par le Saint-Siège d'un visiteur apostolique dans l'île. C'est ce mélange de faits locaux et d'espoirs plus lointains, de lettres très politiques et d'autres presque intimes qui donnent tout son intérêt à ce second volume de la correspondance de Paoli.