Revue française d'administration publique
RFAP
La corruption en question
La corruption a pendant longtemps été considérée comme un comportement déviant imputable à des individus peu scrupuleux mettant à profit une position officielle pour en tirer des bénéfices personnels. En France, bien que diverses « affaires » politico-financières aient alimenté la chronique judiciaire depuis la fin du XIXe siècle, les sciences sociales ne se sont intéressées au phénomène que depuis une trentaine d'années, alors qu'une abondante littérature anglo-saxonne y était déjà consacrée. La prise de conscience du caractère systémique de la corruption à l'échelle planétaire, y compris dans les pays en développement a conduit les organisations internationales à adopter diverses conventions visant à prévenir et à lutter contre ce qui est désormais considéré comme un fléau.
Ce dossier thématique n'a pas la prétention d'analyser la variété des pratiques corrompues auxquelles des politiciens, des fonctionnaires et des agents du secteur privé peuvent se livrer, ni l'ensemble des mesures mises en oeuvre dans le monde I pour y faire face. Les contributions réunies ici s'interrogent tout d'abord sur la I transformation de la définition de la corruption au cours du temps, et sur ce qui I la différencie du clientélisme. Elles s'intéressent ensuite aux théories à l'origine | des programmes élaborés par l'OCDE et la Banque mondiale en vue d'enrayer la corruption, et à l'introduction dans le droit français des différents dispositifs visant à s'y conformer. Elles posent enfin la question de la cohérence des pratiques sociales, tant en ce qui concerne la passation des marchés publics que dans I attitude finalement tolérante des citoyens à l'égard des élites que ces derniers perçoivent comme étant corrompues.
Varia