«The problem of the Twentieth Century is the problem of the color line.» À l'orée d'un nouveau siècle, les essais ici rassemblés, fruits d'un atelier de l'AFEA, apportent une réflexion sur le sens de l'intuition de W.E.B. Du Bois. L'opposition blanc/noir débouche sur une gamme de tons qui introduit dans la pensée et les textes théoriques la notion de métissage et de créolité ou de «passing». Très présente dans les œuvres d'écrivains, peintres ou musiciens, la couleur apparaît aussi dans le vernaculaire. «Black is the color of my country». La couleur est une expérience, un vécu que l'individu et la société expriment par des représentations organisées et hiérarchisées et des appréhensions différentes du temps et de l'espace. La «couleur du temps» évoque à la fois les intensités de vies individuelles et collectives et les aléas qui président à ces mutations. Comme indice ou symptôme, la couleur renvoie aux grands drames du passé et révèle des formes qui donnent à voir les stratégies d'écriture de l'histoire. Entre omniprésence et oubli s'installe un jeu de plusieurs temporalités qui fixe, capte, mémorise ou efface la singularité de l'expérience africaine-américaine.