25 juillet 1944, après six semaines de combats acharnés en Normandie, les Alliés déchirent soudainement le front allemand. S'engage alors une folle chevauchée qui les mène en 40 jours aux portes de l'Allemagne. La guerre semble gagnée. Chaque général rêve d'être le premier à franchir le Rhin. Mais Montgomery échoue devant Arnhem, Bradley disperse ses forces devant Aix-la-Chapelle, Patton s'enlise sur la Moselle, Patch et de Lattre butent sur les Vosges. Le front se stabilise. Malgré de multiples offensives durant l'automne, les Alliés piétinent, à tel point que le 16 décembre la Wehrmacht riposte dans les Ardennes. Aussi incroyable que cela puisse paraître, les Alliés viennent de perdre l'initiative. Ils ne gagneront pas la guerre à Noël.
Cet ouvrage limpide explique cette désillusion reprenant les pièces du dossier une à une pour mieux les imbriquer et les hiérarchiser. Il brosse un récit rigoureux d'une campagne souvent réduite à quelques épisodes emblématiques tels que la poche de Falaise ou le « pont trop loin » d'Arnhem. Il exhume la retraite allemande, les combats pour dégager les Bouches de l'Escaut, ceux en Lorraine et en Alsace ou autour d'« Aix-la-Sanglante ». Mais au-delà de ce récit renouvelé, Nicolas Aubin expose pour la première fois l'impact des cultures militaires (éducation des cadres, doctrines, structures administratives, interaction entre alliés) dans l'élaboration et l'exécution de ces opérations. Un regard neuf, fruit de cinq années de recherches, sur une période que l'on pensait connaître.