Ferdinand Bruckner, dramaturge autrichien, a connu un succès certain à Berlin, Paris et dans toute l'Europe des années 1930 à 1950, puis il est retombé dans l'oubli. Pourtant, dans de nombreuses pièces, il démontre sa finesse de style en dépeignant les travers psychologiques d'individus pris dans la tourmente de crises politiques ou économiques, qu'il analyse avec une incroyable hauteur de vue. L'Histoire n'étant que cycles et le théâtre de Bruckner proposant un matériau à jeu très actuel, la traduction et la publication de ces pièces permettent aujourd'hui de redécouvrir un auteur de théâtre majeur.
Dans La Créature, l'ingénieur Troik s'est rendu coupable de malversations financières. Influencé par sa soeur, il demande à sa femme d'intervenir auprès d'un créancier et de le séduire pour effacer sa dette, seule solution pour éviter la prison. Mais il sera bientôt victime de sa perverse manoeuvre...
La mélancolie et la perte de repères, ce mal du siècle de la jeunesse allemande déjà évoqué dans les premières pièces de Bruckner, prends dans Les Races une forme plus terrible et précise : le national-socialisme et l'antisémitisme. Nous assistons à la descente aux enfers d'un étudiant qui est emporté par les idées et les pratiques du parti nazi au moment où celui-ci accède au pouvoir en 1933.
Theodor Tagger, dit Ferdinand Bruckner (Vienne, 1891-1958), est un dramaturge, représentant fameux de la nouvelle objectivité, qui mêle la force du cinéma naissant à celle du théâtre moderne et de la psychanalyse. Les éditions Théâtrales et la Maison Antoine Vitez se sont associées pour publier en cinq volumes dix pièces de cet auteur à redécouvrir.