Pour étudier les milieux, les paysages et les territoires du passé, les chercheurs ont, aux XIXe et XXe siècles, fabriqué des modèles comme la cité antique, l'openfield, la centuriation, le bocage, la ville, le latifundium, les grands défrichements, etc. Ils ont aussi inventé les pays géologiques, les vestiges archéologiques, les typologies paysagères, les cultures, les périodes historiques, les territoires cohérents.
Jadis on recherchait des caractères originaux du passé, mais on forgeait surtout les caractères identitaires utiles pour justifier le nationalisme, le naturalisme et l'historicisme méthodologiques.
S'il y a crise des récits de la relation que les sociétés ont eue avec leurs milieux, c'est parce qu'on a pris conscience du décalage grandissant que les Modernes ont installé entre les réalités géographiques et les représentations historiennes qu'ils se sont données. L'ouvrage analyse les principaux récits et en montre le caractère transformateur, souvent polémiste, et toujours réducteur parce qu'on y développe des modèles explicatifs hypertrophiés.